Let’s Speak French!

with Dr. Natalie Amgott

#49: What the Best French Learners Do — with Dr. Julia Gorham

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Episode 49 Transcript

One of my absolute favourite French experiences was like a dream: singing French songs in the morning, learning about French poetry and trying my hand at it…, arts and crafts en français, and even learning how to belly dance - tout en français. The best part of those three summers at the Middlebury Monterey Language Academy, though? 

It was signing a language pledge where we pledged to only speak French all week. We resigned the pledge every Sunday to recommit to our learning - both when I was a student there and the two summers I taught there as an animatrice. Pledging to do “French only” was a commitment to the mental gymnastics of communicating in French 24/7 - including no calls or texts in English except for the designated two hour window per week. The immersion experience I did in Chicoutimi, Québec was similar - there was magic to this idea of pledging to speak French 24/7, even with other non-native speakers. During these 4 immersion experiences, even when I was teaching, I made more condensed progress in French than I had made in any given year or semester of French class. 

So why is that? Today, I’m bringing Dr. Julia Gorham on the podcast to tell us why, and how you can replicate these results without leaving home. Dr. Julia Gorham is a professor of French at Australian National University. She recently received her PhD in Second Language Acquisition & Teacher Education from the University of Illinois at Urbana-Champaign and is also a dear friend of mine from our time studying together at the University of Arizona and teaching together in Paris in 2018.

Today, we chat about her research on immersion experiences and what that means for you as an adult learner. Specifically, she’ll tell you about what the best learners do to make progress in their spoken French and she’ll give you tips for how you can try this out. 

If you’re new here - coucou! I’m so excited for you to listen to Julia. In a moment, we’ll check out a few vocabulary terms that might be new to you that you’ll then hear during our conversation. Then, we’ll dive into the conversation I had with Julia. To follow along with our conversation, check out the transcript at elevatefrench.com/episode49 

D’abord, voyons un peu de vocabulaire. Ce sont des expressions utiles qu’on a utilisées pendant notre conversation: 

  1. Cela dit: That being said 

  2. La citrouille: pumpkin (mais en Australie, ça a un sens un peu différent!) 

  3. Un pourboire: a tip, au restaurant par exemple

  4. Je n’arrive pas à + infinitif: je ne peux pas faire quelque chose, je ne comprends pas pourquoi quelque chose arrive

  5. Les données: data, d’une étude ou de ton cellulaire

  6. Entouré: surrounded by

Okay, c’est parti pour notre conversation! Oublie pas de suivre notre conversation avec la transcription dans les notes de cet épisode. 

Natalie Amgott: Ben, Bonjour Julia, comment va la vie en Australie?

Julia Gorham: Bonjour, euh, ça va super bien, du coup. Il commence à faire assez beau ici. C'était l'hiver, parce que bien sûr, les saisons sont inversées ici. Je suis super prête pour le printemps qui normalement va arriver bientôt. Il y a les arbres et les choses qui commencent à fleurir, alors c'est super joli dehors. Oui, ça va super bien, on est, on a la pause d'enseignement. Maintenant, alors je n'enseigne pas cette semaine ni la semaine prochaine. Alors Oui, ça va super bien

Natalie Amgott: un congé de deux semaines, alors.


Julia Gorham: Oui deux semaines, c'est super! Chaque semestre, on a un congé de deux semaines: six semaines d'enseignement, puis deux semaines de pause, puis encore six semaines, C'est excellent.

Natalie Amgott: Donc déjà un grand changement du système universitaire des États-Unis, là où où tu étais avant, ou si on est chanceux, on a une semaine, c'est sûr au printemps, mais en automne, ça dépend. Oui.

Julia Gorham: Voilà tout à fait oui, là où j'étais aux EtatsUunis avant, pendant le semestre d'automne, on n'avait même pas eu une semaine, une semaine complète, on avait deux ou trois jours pour le Thanksgiving et c'était tout.

Natalie Amgott: Ah oui

Julia Gorham: Alors oui

Natalie Amgott: Donc déjà une grande différence. En fait, on va parler un peu plus des chocs culturels, parce que justement ça peut être positif, négatif et je sais que c'est pas un nouveau concept pour toi, t'as déjà vécu en France, par exemple, tu fais de la recherche sur la culture. Mais quel est le plus grand choc culturel que tu as vécu en Australie jusqu'à maintenant?

Julia Gorham: Du coup, pour être honnête, j'ai pas trop eu de choc culturel ici. Je ne sais pas si c'est parce que j'étais assez préparée. C'est aussi un pays anglophone et il y a beaucoup beaucoup de similarités culturelles, je crois.

Cela dit, il y a aussi beaucoup de choses qui sont différentes, mais j'étais préparée pour ça à l'avance et je savais que ces choses allaient être différentes, et alors j'étais mentalement prête, je dirais pour ça.

Par exemple, le fait de conduire à gauche, c'est quelque chose qui est différent, bien sûr.

C’est quelque chose auquel il faut bien sûr s'habituer, mais oui, on s'y habitue rapidement. C'était un peu choquant, la vitesse à laquelle je me suis habituée à ça. Il y a aussi les différences de vocabulaire en anglais.

Natalie Amgott: Ah oui, la citrouille - tu m'as parlé d'usage de “pumpkin” là-bas?

Julia Gorham: Tout à fait oui, alors le mot la citrouille, ça fait référence en fait pas aux citrouilles, comme les Américains, les Canadiens. Comment on pense aux citrouilles, mais en fait, ça fait référence à toutes les gourdes, toutes les gourdes sont des citrouilles Et alors c'est un peu, on peut être un peu confus parce qu'on sait pas exactement ce qu'on va manger si on commande quelque chose qui a la citrouille là-dedans.

Natalie Amgott: Oui, c'est toute une catégorie, j'ai l'impression que ça dépend de la varieté de l'espagnol, mais j'ai rencontré des gens de certains pays où c'est la même chose pour l'idée de courgettes, gourdes, en général. Parfois il n'y a pas autant de mots qu'on utilise en anglais pour chaque type, donc c'est drôle.

Julia Gorham: Oui, tout à fait moi, je ne connais pas très bien l'espagnol, alors je ne peux pas trop parler de ça, mais oui, ça a l'air d'être similaire. Il y a aussi d'autres mots…je ne peux pas y penser maintenant, mais il y a aussi plein d'autres mots qui sont différents, quoi d'autre, et puis il y a le fait de ne pas donner de pourboires, par exemple au restaurant ou même si tu commandes quelque chose à manger, il y a quelqu'un qui livre ta pizza, par exemple, ou n'importe quoi. On donne pas de pourboire parce que les gens gagnent assez sans pourboire. C'est quelque chose qui est super, mais c'est quelque chose auquel il faut s'habituer aussi.

Natalie Amgott: Ah oui, bien sûr, donc ce sont vraiment des remarques culturelles intéressantes. Et je sais que toi aussi tu as vécu en France. Tu as passé du temps là-bas et que ça fait du temps, mais quand tu étais là, est-ce que tu as vécu des chocs culturels là-bas?

Julia Gorham: Oui, alors de ces jours, quand je vais en France, j'ai quasiment plus de choc culturel, je dirais, mais la première fois que j'y suis allée, j'étais beaucoup plus jeune, j'avais 19 ans. J'ai eu quelques chocs culturels, je dirais que les plus grands, c'étaient d'abord la quantité de fumée de cigarettes qui était juste partout dans la rue tout temps.

Natalie Amgott: Bien sûr.

Julia Gorham: Et moi, je ne fume pas, je viens d'une famille où on ne fume pas, et alors je n'étais pas habituée à ça du tout et je n'aime pas ça, ça m'a choquée. Et je dirais aussi le fait que les magasins, comme les supermarchés, par exemple, soient fermés d'habitude le dimanche après-midi. Il faut juste réorganiser, par exemple, comment on gère son temps si on fait les courses le dimanche, par exemple.

Natalie Amgott: Oui, et je crois que ça s'apprend toujours parce qu'on oublie, on essaie d'aller au supermarché, puis c'est fermé, il faut trouver genre, une petite épicerie ou chercher dans le garde-manger pour voir qu'est-ce qu'on a.

Julia Gorham: Tout à fait. Oui.

Natalie Amgott: Oui, ça m'est arrivé aussi.

Parlons un peu de ta recherche, par exemple, je sais que tu fais de la recherche sur la pédagogie dans les cours de français langue étrangère ou français deuxième langue. Est-ce que tu pourrais expliquer ce concept un peu plus: la pédagogie et ta recherche là-dedans à nos auditeurs. C'est quoi la pédagogie et qu'est-ce que tu fais pour ta recherche? En général.

Julia Gorham: Oui, alors en général, comme tu viens de le dire, je me concentre sur la pédagogie du point de vue des étudiants, mais aussi des enseignants et des profs en général. La pédagogie, c'est juste un grand mot technique qui fait référence à l'ensemble de techniques, de méthodes de stratégie qu'on utilise pour enseigner.

Alors, quand on parle de la pédagogie, on parle des matériaux, des techniques qu'on utilise en cours les matériaux qu'on voit en cours ou que les étudiants utilisent en cours. Mais on parle aussi des mentalités et des philosophies qui influencent la façon de structurer et de donner les cours.

Alors, quelles sont les croyances qui influencent le fait de mettre un sujet dans un cours et d'éviter un autre sujet, par exemple. Et c'est plutôt, c'est tout ça sur lequel je me concentre dans mes recherches.

Natalie Amgott: Bien, donc toute la pédagogie, c'est un concept, tu sais déjà que moi aussi je m'y intéresse vraiment, et on en parle pas mal pendant ce podcast, mais je viens de me rendre compte qu'on n'a jamais défini la pédagogie, donc merci de définir parce que je sais qu'il y a plusieurs auditeurs auditrices qui sont des profs, des enseignants. Au moins les gens qui suivent mes cours, j'en ai plusieurs, j'aime penser que c'est grâce à la pédagogie qu'ils veulent nous rejoindre et nous écouter, alors je crois que c'est une bonne chose de définir

Et donc justement au niveau de la pédagogie universitaire ou au niveau des études que toi tu as menées, et que tu as lues, Qu'est-ce que les profs font bien d'habitude dans les cours de français et qu'est-ce qui manque

Julia Gorham: Oui, tout à fait, je vais répondre à cette question, mais je viens aussi de me rappeler quelque chose justement que je veux ajouter sur juste la définition, mais aussi l'importance de la pédagogie et c'est que la pédagogie et comment les étudiants perçoivent et reçoivent cette pédagogie, ça influence justement leur motivation de continuer à étudier la langue et de revenir en cours et de s'y intéresser, de faire l'effort justement et alors c'est pour ça à la base que la pédagogie est si importante, je dirai

Et puis oui, pour répondre à la question qu'est-ce que les profs à l'université font bien ou moins bien en termes de pédagogie? 

Je vais commencer juste en disant qu'il faut reconnaître que, bien évidemment, il y a beaucoup de différences qui sont influencées par l'institution, la géographie de l'institution, la politique de l'institution, les expériences passées des profs, par exemple, et aussi juste les besoins des étudiants. Alors ce n'est pas le même à chaque université, mais je dirais qu'en général, il y a une tournée vers l'enseignement communicatif: c'est-à-dire qu'on se concentre sur l'usage de la langue dans les contextes qu'on trouverait dans la vraie vie, par exemple, comment utiliser la langue au resto, comment utiliser la langue pour commander un taxi ou un Uber, les choses comme ça. Les vraies situations dans lesquelles on peut se trouver dans la vie dans un pays francophone.

En général, je remarque qu'on fait ça de plus en plus. En théorie, c'est une bonne chose. Un des problèmes avec ces méthodes-là, c'est justement comment on emploie ces méthodes, parce que, souvent, quand les profs essaient d'enseigner d'une manière communicative, ils…ils font autre chose, en fait, ils se concentrent trop sur la grammaire, et oui, la grammaire est importante, mais il y a un moment où on perd l'emphase communicative à force de trop se concentrer sur la grammaire, par exemple, ou de laisser la grammaire guider par exemple, sélectionner le sujet de grammaire d'abord et puis choisir le contexte communicatif.

Et dans l'idéal, c'est l'inverse

Et un peu lié à ça. Je remarque aussi qu'il y a un manque de l'usage de la langue d'une manière créative et pour parler des idées ou des concepts plutôt abstraits. D'habitude, on réserve ça pour les niveaux bien avancés

Mais en fait, c'est possible, c'est possible. Au niveau intermédiaire, c'est sûr. Et si on structure bien l'activité, 'est possible pour les débutants après un semestre peut-être, si on structure l'activité, et c'est vraiment, je trouve dans mes recherches  à force d'utiliser la langue d'une manière originale et créative pour exprimer des choses qu'on veut dire et aussi pour commencer à parler des choses qui font référence au mondes plutôt abstrait, c'est là où on se pousse vraiment à augmenter notre niveau de compétence orale.

Et alors il y a un manque là, je dirais.

Natalie Amgott: Ah oui, donc ça, c'est très utile. La manière dans laquelle tu as expliqué l'approche communicative qu'est-ce que c'est… parce que je crois que nos auditeurs s'intéressent vraiment à l'approche qui s'appliquent à nos auditeurs adultes

Et peut-être qu'ils ont vu le mot communicatif et qu'est-ce que ça veut dire? Donc tu nous as vraiment aidés à comprendre cela et aussi l'idée des activités créatives.

Donc oui, tu as déjà parlé du fait qu'il faut pouvoir commander son taxi ou commander son repas. Des choses comme ça sont très importantes, mais si on veut s'avancer si on veut pouvoir s'exprimer d'une manière plus naturelle, l'idée d'incorporer des activités plus créatives plus abstraites aussi pour augmenter notre niveau de même penser dans notre répertoire de langues. J'ai vraiment aimé

Et je sais que toi et moi on est, on aime ça les activités créatives, ou on essaie de les incorporer parce qu'on a travaillé ensemble avant, et c'était vraiment génial de pouvoir incorporer ces projets là

Julia Gorham: Si je si je pourrais juste ajouter quelque chose d'autre, je dirais que un autre manque que je remarque souvent, et c'est moins un manque au niveau des professeurs individuels, mais plutôt un manque au niveau du système de l'enseignement des langues au niveau universitaire, c'est l'utilisation des examens et des formats pédagogiques qui font sous-entendre que le processus d'apprendre une langue n'est pas très différent du processus d'apprendre les mathématiques. Par exemple, le format de ces examens laisse entendre ça et en fait, ce n'est pas du tout la même chose. C'est complètement différent.

Et je dirais que le fait que ces formats se ressemblent, ça renforce ça, et ça peut créer une mentalité chez les étudiants qui pensent qu'il faut, par exemple qu'il faut avoir une “bonne” réponse, ou une mauvaise réponse ou qu'il faut juste mémoriser des listes, et ce n'est pas du tout le cas.

Natalie Amgott: J’ai adoré que tu mentionnes ça parce que justement dans les cours de maths, je sais que parfois il y a plusieurs réponses correctes, mais quand même il y a une limite normalement de réponses correctes et si dans le cas linguistique, c'est pas le cas pour commander un taxi. Il n'y a pas une seule manière de faire et j'aime beaucoup que tu aies parlé de ça parce que je crois que justement au niveau intermédiaire, parfois on se demande: pourquoi est-ce que je suis toujours bloqué au niveau B1?

J'ai suivi toutes ces étapes, j'ai mémorisé tous ces verbes, j'ai passé tous ces quiz dans mon appli préféré, mais je n'arrive pas à utiliser le français en contexte et justement, ce n'est pas une question de mémoriser ou de pouvoir conjuguer, mais de pouvoir utiliser cela dans la vraie vie, si on veut, dans des situations plus réalistes

Et du coup, en fait, j'ai vu que tu faisais une étude que tu as publiée sur les facteurs qui influencent l'apprentissage oral des étudiants, et c'était des étudiants qui partaient en échange en France

Est-ce que tu pourrais nous parler un peu de tes résultats et ce que ça veut dire pour nos auditeurs qui veulent maximiser leur progrès à l'oral?

Julia Gorham: Oui tout à fait, alors moi et je vais aussi mentionner mon collègue Aurore Mroz, parce que ce n'était pas que moi, c'était une étude collaborative, mais oui, tout à fait, comme tu as dit.On a examiné, je ne me rappelle pas exactement du numéro, mais je crois que c'était quelque chose comme 20 - 20 étudiants américains qui sont partis en France, certains pour un semestre, d'autres pour deux semestres. Et on a mesuré leur progrès oral chaque mois pendant leur séjour et on a aussi collectionné plein d'autres données sur d'autres facteurs et d'autres habitudes de vie de comment ils se comportaient pendant qu'ils étaient en séjour en France

Et on a trouvé en fait qu'il y avait vraiment plein beaucoup Beaucoup Beaucoup de facteurs qui influencent et qui  enfin, peuvent prédire l'apprentissage ou la quantité d'apprentissage oral de progrès oral que les étudiants ont fait à la fin de leur séjour en France.

Natalie Amgott: Quels étaient les facteurs que vous avez vus qui ont influencé leur apprentissage oral

Julia Gorham: Oui, et il y en avait vraiment plein, alors je vais juste en choisir les plus saillants ici. Mais d'abord, le genre, le genre à prédit vachement le progrès oral que les étudiants ont fait et en fait, les étudiants qui s'identifiaient comme femmes ou comme non binaires ont fait systématiquement plus de progrès que les étudiants qui s'identifiaient comme hommes. Et on pense pas en fait que le genre soit quelque chose qui juste lui-même influence l'apprentissage.

Ce n'est pas ça ne veut pas dire que si vous êtes homme, vous n'allez certainement pas faire de progrès à l'oral.

Natalie Amgott: Ah mais, non. 

Julia Gorham: Ça veut pas dire ça, mais plutôt, ça veut dire que le genre était associé à d'autres facteurs plutôt comportemental qui eût influencé le progrès que les étudiants ont fait, et je vais parler de certains de ces facteurs de comportement et de vie quotidienne. Et le premier, c'était les relations sociales et les connexions sociales que les étudiants avaient pendant leur séjour à l'étranger.

Et en fait, c'est un peu triste, mais les étudiants qui parlaient le plus souvent à leurs amis, par exemple des États-Unis en anglais et qui ne faisaient pas de connexions en France de connexion locale, eux, ils ont fait le moins de progrès oral.

Mais il y avait aussi des étudiants qui ont vraiment maintenu leurs liens avec leurs amis, leurs familles à la maison, mais qui aussi se sont poussés, se sont forcés de faire des connexions en français en France et qui, en France vraiment se sont poussés de parler que le français. 

Et ces étudiants-là ont fait beaucoup beaucoup de progrès à l'oral. Et le fait que le facteur, plutôt qui semblait vraiment prédire le progrès oral, c'était que les étudiants qui, en France restaient avec les autres étudiants anglophones au lieu de trouver d'autres amis locaux. Eux, ils ne faisaient pas beaucoup, ils n'ont pas fait beaucoup de progrès à l'oral, ce qui est logique parce qu'ils parlaient beaucoup d'anglais.

Natalie Amgott: Oui; carrément; oui.

Julia Gorham: Voilà, mais c'est quelque chose qui est facile à faire, c'est quelque chose qui est facile à faire quand on est dans un endroit qu'on connaît pas et on rencontre des personnes qui parlent la même langue que nous. C'est facile de vouloir s'associer avec ces personnes-là. 

Et puis je dirais que le facteur qui est le plus intéressant, en fait, c'était leurs habitudes d'usage vis-à-vis leur téléphone portable qui, oui, et voilà ces habitudes-là ont vraiment influencé leur apprentissage à l'oral.

Les étudiants qui utilisaient leur téléphone pour regarder ou écouter beaucoup de contenus audiovisuels, surtout Youtube, Tiktok, ces deux applis-là, surtout dans leur première langue, que ce soit l'anglais ou l'espagnol eux, ils ont fait vraiment presque aucun progrès oral juste à cause de la quantité de cet audio dans leur première langue qu'ils écoutaient tout le temps. C'était quelque chose qui a empêché, qui a posé un obstacle à leur apprentissage.

Et puis aussi surtout ces étudiants-là n'étaient pas conscients de la quantité de temps qu'ils passaient sur leur téléphone.

Et puis aussi les étudiants qui, bien sûr, c'est évident, mais les étudiants qui écrivaient beaucoup de messages, textos, emails, etc. en français sur leur téléphone portable, eux, ils ont fait beaucoup de progrès.

Natalie Amgott: ce sont vraiment des résultats super intéressants, surtout au niveau du genre. Et puis tous les sous-facteurs que tu as mentionnés qui étaient liés aux habitudes. C'était pas juste le genre. Mais c'était les habitudes que ces participants avaient liées,  Tu as dit, à la relation d'abord. D'abord, alors je regarde mes notes quand même parce que je trouve ça vraiment intéressant, et je crois que, bien qu'il faut dire que pas toutes les études sont généralisables qu'il y a vraiment des choses ici qu'on voit aussi dans d'autres études et qu'on pourrait essayer de s'appliquer. 

Par exemple, tu as parlé du fait de l'immersion, donc si on parlait trop en anglais, on écoutait d'audios en anglais ou on parlait trop aux amis en anglais, on ne faisait pas d'effort de participer en français, de faire des relations en français que ça a vraiment diminué la probabilité qu'ils fassent des progrès, si j'ai bien compris.

Alors si on a l'occasion de faire justement une expérience de vivre une immersion. Je sais qu'il y a plusieurs auditeurs qui s'y intéressent à Middlebury, par exemple, ou aux petits programmes d'une semaine deux semaines en France qui sont vraiment bonnes. Est-ce que tu dirais qu'il vaut mieux s’entourer des ressources de Dieu en français et de choisir, de vivre dans un contexte où on va pouvoir se pousser un peu plus à parler français, par exemple avec une famille, au lieu d'avec d'autres anglophones?

Julia Gorham: Oui tout à fait et ça, c'était un autre résultat qu'on a trouvé. En fait, j'ai juste oublié de le mentionner, mais oui, les étudiants qui ont vécu avec une famille d'accueil, par exemple, ils ont systématiquement fait beaucoup plus de progrès, juste juste force d'être constamment entourés et aussi d'avoir cet endroit où c’était vraiment   à faire des relations en français. Et oui, alors je dirais que c'est si c'est une option dans le programme que vous faites, c'est vraiment une bonne idée de rester avec une famille d'accueil ou dans un programme, bien sûr, où il y a, par exemple une règle que tous les étudiants doivent rester en français tout le temps. C'est aussi une bonne option.

Mais en termes de l'audio. Oui, je dirais que l'audio en français, c'est une bonne chose, c'est vraiment, c'est mieux que l'audio en anglais, c’est sûr.

Mais je dirais aussi que la meilleure audio, c'est l'audio de la vraie vie. Alors n'écoutez pas l'audio au lieu de sortir et de faire des choses dans la vraie vie, d'interagir avec les autres, parce que ça, c'est vraiment la meilleure chose.

Mais l'audio en français, oui, c'est une bonne manière d'ajouter à l'audio qu'on entend et de juste renforcer l'apprentissage, et je dirais aussi un autre résultat que j'ai oublié de mentionner parce qu'on avait vraiment beaucoup. C'était que les étudiants qui, avant de partir à l'étranger qui écoutaient beaucoup d'audios en français étaient plus préparés.

Et à cause de ça, ils ont fait plus de progrès à l'oral. Et on a contrôlé l'étude pour le proficiency, pour la compétence orale. C'est-à-dire que tous les étudiants étaient plus ou moins au même niveau de compétence orale avant de partir à l'étranger.

Mais les étudiants qui, avant de partir, ils écoutaient plus d'audios en français ou regardaient plus de contenus audiovisuel en français, ils ont fait plus de progrès après. Alors c'était un facteur de préparation qui, quand même a influencé les résultats.

Natalie Amgott: Ah, super, c'est chouette parce que je sais à quel point c'est difficile de contrôler les niveaux quand on fait une étude comme ça, et donc c'est chouette de savoir que même si tu as un certain niveau oral maintenant,  si tu continues à regarder du contenu audiovisuel à écouter des matériaux en français, ça va t'aider aussi si tu essaies d'interagir en français avec des vrais gens, comme tu as dit.


Mais oui, donc ça, par exemple, j'ai beaucoup d'adultes dans mes cours qui me disent: Ah, j'ai pas l'occasion maintenant d'aller voyager en France ou au Québec, mais c'est sur ma liste pour l'année prochaine, qu'est ce que je peux faire entre temps?

Alors tout à fait le fait de parler en français avec d'autres gens, même si les gens sont anglophones, mais vous vous parlez en français, ça peut vous aider de ce que tu as dit, concernant les étudiants dans le groupe qui se sont parlés en français, si j'ai bien compris.

Julia Gorham: Tout à fait. Tout à fait les relations, les relations francophones, je vais dire les connexions interpersonnelles avec les gens en français, ça ne fait pas référence seulement aux gens qui sont locuteurs natifs du français, non pas du tout, ça fait référence également comme tu viens de le dire, aux autres étudiants anglophones, mais qui se sont dédiés à parler en français dans ce contexte, par exemple.

Oui, les connexions avec les gens anglophones, si ces connexions sont en français, ça compte tout à fait.

Natalie Amgott: Ouais, je voulais juste ajouter une petite anecdote. Le fait qu'en 2018, je crois, 2018 2019, On a commencé à se parler en français, toi et moi, Julia. Et c'était là où j'ai commencé à pas pouvoir penser en anglais parfois. Et il faut noter qu'on habitait en Arizona à ce moment-là, et aussi on était en France pendant un petit moment, mais quand on était en Arizona, parfois je n'arrivais même pas à trouver les mots en anglais, ça m'arrive parfois de ces jours

Mais à ce point-là, on était vraiment, on se parlait vraiment tous les jours en français, ça m'a vraiment aidée, je crois, avec mon niveau, avec d'autres vocabulaire. 


 Je crois que ça peut renforcer et c'est le fun aussi de pouvoir se communiquer en français avec quelqu'un qu'on connaît déjà, et puis on trouve que toi et moi, quand on se parle en anglais, ce qui est rare, c'est toujours un peu bizarre, parce qu'on a toutes les deux une petite voix différente en anglais, et puis le français, ça sort quand même, je crois.

Julia Gorham: Ouais tout à fait, oui, oui. Quand tu commences une relation avec quelqu'un dans une langue, puis tu changes dans une autre langue. Même si c'est, c'est la première langue pour vous deux, c'est un peu bizarre, quand même oui, tout à fait. 

Et je vais juste ajouter qu'en fait que oui, j'ai des amis français, des amis québécois. Mais je dirais que, en fait, les la plupart des personnes à qui je parle en français sont des anglophones. Ouais.

Natalie Amgott: Et ça du sens, étant donné que tu étais en Amérique du Nord et maintenant que tu es en Australie, où c'est la langue majoritaire, et je crois que c'est le cas pour plusieurs auditeurs. On a des auditeurs en Australie, au Canada, aux Etats-Unis. Donc, c'est l'anglais, la langue majoritaire aussi pour nous.

Mais ça va pas nous empêcher de créer les relations avec d'autres gens qui veulent parler français, que ce soit des anglophones natifs ou non, peu importe, Oui.

Julia Gorham: Tout à fait; tout à fait. Oui.

Natalie Amgott: Alors super, je pourrais te parler pendant des heures et des heures, mais je vais te poser une question de plus. Il faut savoir que toi aussi tu as appris le français de zéro, comme nos auditeurs essaient de le faire, et si tu pouvais remonter dans le temps, qu'est-ce que tu changerais de ton parcours linguistique?

Julia Gorham: Oui, c'est une bonne question et tu m'avais envoyé des questions il y a quelques jours, et c'est une question à laquelle on pourrait dire que c'est une question facile, mais en fait, c'est une question à laquelle j'ai beaucoup réfléchi. D'une manière je dirais que j'ai vraiment de la chance parce que j'ai eu ce qu'on pourrait appeler un parcours plutôt idéal.

J'ai commencé à apprendre le français au collège et puis c'était au lycée où je m'y suis vraiment intéressée et c'était aussi au lycée où j'avais eu une amie anglophone à l'époque qui faisait le français avec moi, avec qui je parlais tout le temps en français. Mais à ce moment-là, on était vraiment au niveau débutant intermédiaire, alors on disait pas grand chose et on faisait vraiment beaucoup beaucoup de fautes, mais partout, partout, mais c'était comme une langue secrète entre nous deux.

Même si c'était, c'était que nous deux qui pouvaient comprendre, parce qu'il y avait des fautes mais vraiment partout. On disait des choses, mais ridicules, mais c'était là où j'ai commencé à utiliser la langue d'une manière créative et là où je me suis vraiment intéressée à la langue.

Et aussi j'ai fait cette première connexion avec quelqu'un qui aussi voulait parler le français. Et oui, et nous deux on continuait à parler cette langue, on s'est améliorées toutes les deux.

Je continue à lui parler de ses jours. Elle parle très bien, maintenant, elle aussi. Elle a passé du temps en France et tout. Mais oui, je me souviens très, très bien de ce moment-là.

Mais, je dirais que là où je changerais quelque chose, ce serait plutôt de ne pas avoir fait de pause avec le français entre le lycée et le moment où j'ai choisi de continuer avec le français à l'université. J'ai fait une pause de je crois deux ans. Entre la fin du lycée et le moment où j'ai choisi de continuer avec le français à l'université.

Juste parce que je me spécialisais en sciences à ce moment-là. Ce n'était pas quelque chose qui était strictement nécessaire, on peut dire, pour mes études de  sciences. Et j'avais aussi le crédit pour le français du lycée, qui comptait à l'université, alors ce n'était pas nécessaire pour moi de suivre un cours de langue.

Mais puis, après deux ans, j'ai trouvé que ça me manquait et j'ai repris le français.


Et je dirais que ça y était euh, je je me rappelais beaucoup de mon français, mais quand même il y avait une période où j'ai dû me réhabituer au français, vraiment me rappeler des choses ou recommencer à parler, et oui, c'était quelque chose, c'est juste quelque chose qui a mis mon progrès sur pause je dirais: ce n'était pas que que ça empêchait mon progrès, mais c'était juste quelque chose qui a fait une petite pause là-dessus, je dirais.

Natalie Amgott: Oui, je crois que ça arrive à tout le monde quand on fait une pause d'une langue ou pour nos auditeurs qui apprennent plusieurs langues. Si tu apprends l'espagnol pendant six mois, et puis tu décides, ah, oui, je vais recommencer le français, surtout dans ce cas, parce que les deux langues ont des similarités, que ça peut être dur.

Mais s'il faut aussi reconnaître qu’on peux pas nécessairement suivre un cours tous les jours de l'année, mais faire une pause. Moi aussi, je dirais que si on peut l’éviter…de mes expériences parce que j'ai pas fait de puces avec le français, mais avec l'espagnol et l'italien, et puis ça cause des problèmes, je dois comme j'ai l'impression de recommencer a chaque fois, même si je me souviens de beaucoup de choses que j'avais apprises, c'est toujours avec beaucoup plus d'effort quand on retourne à quelque chose comme ça, donc une bonne astuce.

Julia Gorham: Tout à fait, et comme tu as dit, ce n'est pas possible de suivre un cours tous les jours tous les jours, tous les mois de l'année, mais pendant ces deux ans où j'ai fait cette pause, c'était une pause totale, je n'écoutais pas le français. Je ne regardais pas de français, je ne faisais pas de Duolingo, c'était une pause totale, le français n'existait pas dans ma vie.

Et puis j'ai repris après ces deux ans et oui, alors je dirais que ce n'était pas vraiment le fait de faire une pause en termes de cours. Mais plutôt le fait de faire une pause en termes de tout, de tout, de mon intérêt.

Natalie Amgott: Oui de l'audio, parce que tu avais parlé de l'importance de l'audiovisuel, l'audio, des amis avec qui on parle français.

Donc c'est super utile, merci beaucoup d'être venue aujourd'hui, Julia et bonne continuation en Australie.

Julia Gorham: Oui, merci beaucoup.

D’accord, ça y est! Isn’t Julia such a fascinating wealth of knowledge on French language learning? My key takeaways from our conversation and her recently published research were: 

  1. Consuming more media in French (and less in English) will help you improve your speaking

  2. You don’t have to be in a Francophone environment to make progress. Finding a friend to text or talk to in French is beneficial, even if they are also a language learner. Julia and I both being non-native speakers - we also found this true for our friendship in which we communicate only en français depuis 2018!

  3. Taking a long pause from your French will make it difficult to pick it back up again. You’ll be able to recall things that you learned before, but it will take some time to pick back up where you left off. 

What was your favourite takeaway from the episode? I love hearing from you! I’m @elevatefrench on Instagram or Facebook - feel free to send me a DM. 

And if you’re not already subscribed to the podcast, could you go ahead and click that subscribe button wherever you’re listening? Like Dr. Gorham said, it’s beneficial to get French media in your ears to help your spoken improvement, so go ahead and subscribe to make sure you never miss an episode! 


As always, it’s an honour to be your French teacher. Bonne continuation et à la prochaine!